Le méligèthe du colza (Meligethes aeneus), également connu sous le nom de coléoptère du colza, est un ravageur commun en France, particulièrement nuisible aux cultures de colza et d’autres Brassicacées. Cet article propose des informations pour identifier le méligèthe, comprendre où il se trouve, et des méthodes efficaces pour le gérer et limiter ses dégâts dans les champs de colza et les jardins.
Comment identifier le méligèthe du colza ?
Le méligèthe du colza est un petit coléoptère mesurant entre 1,5 et 2,7 mm de long, de forme ovale et de couleur noire avec des reflets métalliques verts ou bleutés sur son dos. Ses antennes et pattes sont de couleur sombre et de forme en massue. Les larves, qui mesurent de 3 à 4 mm, ont une tête noire et sont couvertes de petits poils, avec des marques sombres sur chaque segment du corps. Les adultes et les larves peuvent être facilement observés sur les boutons floraux des plantes hôtes où ils se nourrissent de pollen.
Où trouve-t-on le méligèthe du colza en France ?
Le méligèthe du colza est présent dans toute la France, avec une répartition plus importante dans les régions agricoles où le colza est cultivé. Les adultes se regroupent souvent dans les zones bordées de bois ou de haies, où ils peuvent hiberner. Au printemps, lorsque les températures atteignent 10 °C, ils émergent de leur diapause hivernale. Les méligèthes sont attirés par le colza dès que la température dépasse 15 °C et se propagent facilement dans les champs, en particulier au début de la floraison.
Dans les jardins, le méligèthe peut être observé sur un éventail de fleurs, surtout celles à floraison jaune, telles que le pissenlit (Taraxacum officinale) et la gentiane jaune (Gentiana lutea). Bien que les infestations de méligèthes dans les jardins soient rares, leur présence peut être plus fréquente lorsque les cultures de colza sont en période de récolte.
Quels sont les dégâts causés par le méligèthe du colza ?
Le méligèthe du colza est particulièrement nuisible avant la floraison complète du colza. En se nourrissant du pollen, les adultes perforent les boutons floraux pour atteindre les étamines, ce qui cause souvent l’avortement des boutons floraux. Les boutons perforés par le méligèthe se dessèchent, ce qui empêche la formation des graines et réduit ainsi le rendement du colza. Lors de fortes infestations, les pertes de rendement peuvent être significatives, en particulier si les températures sont favorables aux migrations massives de méligèthes.
Les larves, quant à elles, se nourrissent également du pollen à l’intérieur des boutons, mais causent généralement moins de dégâts que les adultes. Après environ deux semaines, les larves tombent au sol pour s’enfouir et se nymphoser, émergeant sous forme d’adultes en été pour chercher de nouvelles plantes à coloniser.
Comment éviter les infestations de méligèthes dans les cultures ?
Il existe plusieurs méthodes de prévention pour limiter les infestations de méligèthes du colza :
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Éviter les zones boisées proches des cultures de colza : Les champs situés près des haies ou des bois sont plus vulnérables, car ces zones servent de refuges hivernaux pour les méligèthes. Une distance de sécurité entre les plantations et ces zones peut réduire la pression des populations de méligèthes.
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Utiliser des variétés de colza à floraison précoce : Planter des variétés de colza qui fleurissent plus tôt peut réduire l’impact des méligèthes, car ces variétés sont souvent en floraison avant l’arrivée massive des méligèthes.
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Plantes-pièges : Semer des plantes comme la moutarde blanche autour des champs de colza peut attirer les méligèthes loin des cultures principales. Cette technique est particulièrement efficace lorsque les plantes-pièges fleurissent avant le colza, capturant ainsi les méligèthes dans les premiers stades de leur migration vers les cultures.
Comment contrôler les populations de méligèthes du colza ?
Pour les exploitants agricoles, gérer les méligèthes du colza peut être un défi, mais plusieurs méthodes de contrôle existent pour limiter les dégâts.
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Utilisation de cuvettes jaunes : Les cuvettes jaunes sont des pièges visuels efficaces pour surveiller la présence des méligèthes. La couleur jaune attire les insectes, permettant aux agriculteurs d’estimer les populations présentes dans leurs champs avant de prendre des mesures de lutte.
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Intervention insecticide basée sur des seuils : L’utilisation de traitements insecticides est recommandée uniquement lorsque les populations de méligèthes dépassent certains seuils. Par exemple, pour un colza en bonne santé au stade de boutons accolés (D1), le seuil est de 3 méligèthes par plante. Pour un colza plus fragile, les seuils sont plus bas pour éviter une perte de rendement excessive. Cependant, la résistance des méligèthes aux insecticides pyréthrinoïdes est un problème croissant, particulièrement dans les régions sud et est de la France.
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Méthodes alternatives : Dans les zones où la résistance aux insecticides est élevée, des solutions alternatives, comme l’application de poudre de roche (klinoptilolith), montrent des résultats prometteurs. Utilisée avec un agent mouillant, cette poudre aide à protéger les boutons floraux sans risque de résistance.
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Cultures intercalées en bandes : Planter des bandes de blé entre les rangées de colza permet de réduire la densité des méligèthes. En effet, cette méthode attire davantage les prédateurs naturels des méligèthes, comme les carabes, qui se nourrissent des larves de méligèthes, réduisant ainsi la population globale dans les champs.
Quel est le cycle de vie du méligèthe du colza ?
Le cycle de vie du méligèthe du colza commence au début du printemps, lorsque les adultes émergent de leur hibernation dès que la température atteint 10 °C. Les femelles commencent à pondre des œufs dans les boutons floraux du colza une fois que la température de l’air atteint 15 °C. En moyenne, chaque femelle peut pondre entre 100 et 200 œufs au cours de sa vie, en creusant des trous dans les boutons pour y déposer les œufs.
Après l’éclosion, les larves passent par deux stades de croissance, se nourrissant de pollen et de nectar. Au bout de deux semaines, les larves tombent au sol, s’enfouissent et se transforment en nymphes. Les nouveaux adultes émergent vers le mois de juin et se nourrissent de pollen sur une variété de plantes avant de chercher un endroit pour hiberner.
Quels sont les prédateurs naturels des méligèthes du colza ?
Plusieurs prédateurs naturels des méligèthes jouent un rôle essentiel dans la régulation de leurs populations. Les carabes (comme Poecilus cupreus et Amara ovata), les staphylins (comme Tachyporus hypnorum), et divers nématodes contribuent à limiter la croissance des populations de méligèthes, en particulier pendant la période de nymphose en avril-mai. La présence de ces prédateurs est un atout pour les exploitations agricoles, car ils consomment les larves de méligèthes et réduisent ainsi les infestations futures.
Les parasites, notamment les hyménoptères de la famille des Ichneumonidae, parasitent également les larves de méligèthes, ce qui réduit leur taux de survie. En effet, certaines études indiquent que jusqu’à 90 % des larves de méligèthes peuvent être parasitées dans certaines régions, limitant leur population de manière significative.
Comment surveiller les infestations de méligèthes dans le colza ?
Pour une gestion efficace des méligèthes, il est essentiel de surveiller les populations régulièrement en utilisant des pièges et des comptages visuels sur les plantes. Les cuvettes jaunes permettent de détecter les premiers arrivants dans les champs, tandis que les comptages sur plants aident à évaluer si les seuils d’intervention sont atteints. Une intervention prématurée peut s’avérer inutile, car le colza peut souvent compenser les dégâts causés par les méligèthes, surtout si la plante est vigoureuse.
Lorsque les premières fleurs commencent à s’ouvrir, le risque de dégâts diminue considérablement, car les méligèthes ne perforent plus les boutons pour atteindre le pollen. À ce stade, ils deviennent même des pollinisateurs potentiels pour les cultures de colza en fleurs.
En combinant ces stratégies de lutte et de surveillance, les agriculteurs et jardiniers en France peuvent maintenir les populations de méligèthes du colza à un niveau tolérable, minimisant ainsi l’impact de ce ravageur sur le rendement des cultures de colza et la santé des plantes hôtes dans les jardins.